Jin Roh, La brigade des loups (1999) de Hiroyuki Okiura

Publié le par homo cinephilis

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Film qu'il est difficile de trouver en dvd car peu ou plus distribué, alors que c' est un film assez connu des fans d'animation japonaise (qui, s'ils sont  comparables aux lecteurs de manga, sont de plus en plus nombreux). Le scénario est signé Mamoru Oshii, ce qui s’annonçait prometteur de la part du réalisateur de Ghost in the Shell et Avalon (deux de mes films fétiches) : Après avoir vu « Jin Roh, la brigade des loups » , j'ai d'abord été, il faut le dire, un peu déçu. Puis il a fait son petit bout de chemin dans ma tête, et au final je pense avoir eu affaire à un film certes froid, mais profond, intelligent et assez effrayant.

Il nous est présenté ici une société en crise, pas si lointaine de nos sociétés actuelles : L’Etat se radicalise, à la limite d'un régime autoritaire, et la résistance qui s’opère face à ce dernier bascule dans le terrorisme, prête à sacrifier femmes et enfants pour transporter ses bombes. La nature humaine dépeinte dans le métrage est on ne peut plus sombre. Au début du film, la scène ou Fuse, le protagoniste, membre de la Panzer (unité d’élite chargée de tuer sans sommation tout terroriste qu‘elle rencontre), hésite à tirer sur une jeune chaperon rouge (c’est le nom donné aux enfants et jeunes filles chargées de transporter clandestinement les bombes des terroristes) et lui demande « pourquoi ? », fait naître une lueur d’espoir : Il ne s'agit plus uniquement de savoir « comment » éradiquer la violence, mais de comprendre "pourquoi" elle est là; une tentative de compréhension qui laisse espérer que la société puisse sortir du cercle vicieux de la violence. Mais, à travers la symbolique du loup (on ne peut s'empêcher de penser à la célèbre phrase de Thomas Hobbes "L'homme est un loup pour l'homme"), on se rendra vite compte que c'est la nature de l'homme que de s'autodétruire, et « qu’un loup, même déguisé en homme, reste un loup ».


En plus de cette richesse thématique et de son caractère assez actuel, une intrigue politique complexe et bien ficelée est mise en place, illustrant les rivalités des organes de pouvoir dans nos sociétés. C’est d'ailleurs à travers cet aspect du film que l'on reconnaît le plus la participation de Mamoru Oshii, ce dernier aimant particulièrement ce genre d'intrigues.jin-01.jpg

 

La seule chose qui risque d'en rebuter plus d'un est la froideur générale de l'ensemble : De la distance est mise entre les protagonistes et le spectateur, et à aucun moment on ne se sent vraiment ému, touché par ce qui arrive sur le coup. Mais si l'on arrive à se dispenser de ce plaisir immédiat, c'est un véritable film coup de poing qui s'offre à nous, d'une très grande richesse et qui mérite plusieurs visionnages pour être apprécié à sa juste valeur.

 

 

 

Publié dans Avis -critique

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