Teenage Caveman (2001) de Larry Clark

Avant de parler du film lui-même, il faut rappeler que ce dernier a été produit par Stan Winston dans la collection Creatures, regroupant 4 autres films de genre, et qui rend hommage aux films de monstres produits par Samuel Z. Arkoff, représentant de la série B des années 50/60.

Stan Winston, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, est un grand maître des effets spéciaux, à qui l'on doit notamment les Terminator 1,2,3, la reine des Aliens (dans le film de James Cameron), le Predator, et les dinosaures de Jurassic Park, rien que ça !

 Stan Winston

On s'attend donc à retrouver aux commandes de ce Teenage Caveman un réalisateur habitué au cinéma de genre fantastique/horreur et à la série B : Eh bien on se plante complètement puisque c'est Larry Clark qui l'a réalisé.

Petit rappel : Larry Clark, que l'on pourrait maintenant ranger dans le cinéma indépendant américain était photographe avant de s'intéresser au cinéma. Il publiera plusieurs albums photos se concentrant sur les jeunes marginaux américains et leurs déviances, notamment dans la toxicomanie et la sexualité libérée. Très remarqué à l'époque pour son côté provocateur, il sera soutenu et incité à faire du cinéma par Martin Scorsese et Gus Van Sant : Son premier film, Kids, sortira en 1995.

Larry Clark

Il reprendra dans tous ses films les thèmes abordés dans sa carrière de photographe : Le mal être des adolescents, leurs rencontres avec la drogue, le sexe et la violence, et les conflits de générations avec les parents. Il traite ses films de façon réaliste, presque sociologique, et fait souvent appel à des acteurs amateurs ou semi-pro. D'où la surprise de le retrouver réalisateur de ce Teenage Caveman. Pourtant, après l'avoir vu, il n'y a pas de doute : C'est bien un film de Larry Clark ! Nous verrons bientôt pourquoi.

Le pitch : Après l'Apocalypse, l'humanité, réduite à une poignée d'hommes et de femmes, retourne vivre dans les grottes. Dans une de ces micro-sociétés, un chef de tribu impose ses lois et endoctrine la jeunesse pour s'assurer la conservation de sa place de dirigeant. Un de ses privilèges est d'imposer des rapports sexuels aux jeunes filles de la tribu, soi disant choisies par Dieu pour coucher avec lui, alors qu'il interdit d'autre part aux jeunes garçons d'avoir tout désir sexuel. Son propre fils le tuera pour mettre fin à cette oppression et partira avec quelques amis à la recherche d'un monde meilleur. Ils seront accueillis chez un couple d'immortels ayant vécu à l'époque précédant la fin du monde où rien n'était interdit aux adolescents et où rien ne pouvait leur être imposé. Croyant avoir découvert le paradis, la bande d'adolescents se rendra compte, un peu tard, que leurs hôtes ne sont pas si bienveillants que cela...

Toute cette histoire de science-fiction, est finalement un prétexte pour Larry Clark de parler à nouveau des thèmes qui lui sont chers : Le fanatisme religieux (qu'il mettait déjà en scène dans Ken Park), la dépravation des jeunes quand ils sont livrés à eux-mêmes, la sexualité débridée et ses dangers (on peut évidemment voir dans le virus mortel que les immortels transmettent sexuellement aux adolescents et le virus du sida, problème que Larry Clark abordait déjà dans son film Kids), le besoin de s'inventer un monde idéal et libéré de toute contrainte, et j'en passe...

En bref c'est un film très riche sur le fond, mais à la forme particulière : Ne vous attendez pas à un bon film d'horreur, le côté fantastico/gore étant à mon avis à prendre au second degré si l'on ne veut pas être trop déçu. Les effets spéciaux sont assez kitsch, et l'histoire post-apocalyptique n'a au final pas grand intérêt. L'intérêt du film réside donc dans son allégorie de la psyché adolescente et ses contradictions, psychologie que Larry Clark semble avoir bien comprise, en tout cas beaucoup étudié tout au long de ses films.

Autre point fort de ce Teenage Caveman, ce sont ses acteurs, la plupart très bons : On retrouve deux des adolescents de Ken Park, Tiffany Limos et Stephen Jasso, et également Richard Hillman, tout simplement excellent dans son rôle d'immortel totalement loufoque et déjanté, et qui mériterait vraiment d'être plus connu.

 Richard Hillman

En conclusion, on peut clairement dire que Teenage Caveman est un OFNI (Objet Filmique Non Identifié), pour le spectateur, et dans la filmographie de Larry Clark. Les fans de ce dernier ne pourront qu'aimer, les autres risqueraient de détester s'il s'attendent à un film d'horreur flippant et bien fait. Bref un film destiné à un public averti. Vous voilà prévenus ! Pour ma part, j'ai vraiment aimé.