Halloween (2007) de Rob Zombie

Publié le par homo cinephilis

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Ma critique de ce "Halloween" sera un peu particulière puisqu'elle sera faite en comparaison avec le film original de John Carpenter. Ce remake tient-il la route ? Je dirai mieux que cela : Il dépasse (pour moi) l’original ! Explications…

La première partie de ce"Halloween" 2007 n’est pas vraiment comparable au film de Carpenter dans la mesure où il s’agit d’un préquel (un épisode dont les évènements se déroulent avant le film original). On découvre ici dans quel contexte familial Michael Myers a évolué avant de passer à l’acte : On comprendra mieux pourquoi le jeune Michael (interprété par l‘excellent et impressionnant Daeg Faerch, complètement troublant), après les railleries répétées de ses camarades sur le métier de sa mère (strip-teaseuse), le décès de son père, les insultes quotidiennes de son beau père alcoolique et l’indifférence de sa grande sœur en pleine adolescence, a pu basculer dans cette sauvagerie, alors que le film de 1979 n'esquissait même pas un début d'explication. D’après les fans de la première heure, c’était le caractère inexxplicable du crime qui rendait le meurtrier effrayant dans le film de Carpenter : Ainsi Michael Myers devenait l’incarnation du Mal (d'où son immortalité). Pour ma part, cette inhumanité fait de tueur un personnage de pure fiction, étranger à notre monde, et du même coup désamorce en partie la peur qu’il est sensé susciter. La force de Rob Zombie est de rendre ce psychopathe crédible, quasi réel : N'est-il pas plus effrayant de se dire qu'on risque un jour de croiser un tel type dans la rue ?

 

Le thème du  masque a également évolué dans ce sens : dans l’original, le masque blanc aux traits inexpressifs et au regard vide est à l’image de l’inhumanité du tueur; alors que dans le film de 2007, Michael portera différents masques, et ce avant même de commettre son premier crime, pour cacher son visage qu’il trouve laid, puis pour s'isoler du monde (autres signes de son malaise psychologique). Masques au travers desquels on pourra toujours distinguer ses yeux, marque de l'once d'humanité tapie au fond de lui.
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Rob Zombie arrivera même à nous émouvoir au détour d'une scène : Myers, après avoir réussi à capturer sa petite sœur, lâche son couteau, s’agenouille devant elle, enlève son masque, et lui tend une photo d’eux deux enfants. Moment d’incompréhension pour la jeune fille qui, trop petite à l’époque pour s'en souvenir, le rejettera et le précipitera dans une folie meurtrière. Ce "Halloween" 2007 donne donc une certaine épaisseur, profondeur au personnage, dont était totalement privé le Myers de Carpenter : C'est un choix scénaristique osé et intelligent, permettant d'éviter l'écueil de la pâle copie de l'original.
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Il faut également avouer que le film de 1978 a très mal vieilli : Ce fut un choc pour toute une génération qui n’avait rien vu de tel auparavant (Le Halloween de Carpenter ayant plus ou moins créé le genre du « slasher movie», plus récemment représenté par des films comme Scream ou Souviens-toi l’été dernier), mais si vous avez vu quelques films d’horreur des années 90 et 2000, vous rigolerez devant les scènes soit-disant d’épouvante du film de Carpenter. Une scène culte souvent citée par les fans est la scène du placard, dans lequel Jamie Lee Curtis s’enferme (en verrouillant les poignées à l’aide d’un ruban de soie !) avant qu’il ne soit défoncé par Michael Myers. Notre Jamie se saisit alors d’un cintre en fil de fer qu’elle déplie pour venir piquer l’œil du tueur… A vrai dire, plus comique qu’effrayant !
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La deuxième partie du film de Zombie étant un remake plutôt fidèle de l’original, il est aisé de faire la comparaison, et quoi qu’on en dise, que ce soit au niveau des scènes d’horreur pure ou du suspense distillé sur la durée, le Halloween 2007 l’emporte haut la main.

 

Le culte voué au film original relève principalement de la nostalgie des gens qui l’ont découvert à l’époque, chose compréhensible quand on sait que l’œuvre de Carpenter a révolutionné le cinéma de genre et a marqué toute une génération, choses que le remake ne fera évidemment pas. Malgré cela, Halloween de 2007 a réinventé le mythe en lui donnant une plus grande profondeur, tout en « dépoussiérant » totalement son modèle qui avait pris, soyons honnêtes, un sacré coup de vieux !

 


Publié dans Avis -critique

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